Il y avait toujours beaucoup de rumeurs qui circulaient sur cette île parmi les clans. Un ancien esprit autrefois seigneur qui voudrait se venger des grandes familles japonaises pour l’avoir exilé et qui monterait une armée sur l’île… un rival de Abe no Seimei qui aurait mal fini et voudrait se venger des clans, peaufinant sa vengeance loin de tout… pour ma part, je n’y croyais pas vraiment. Sinon, pourquoi avoir laissé créer une académie sur l’île ? Pour obtenir plus de main-d’œuvre ? Il était vrai qu’il y avait beaucoup d’Esprits sur les lieux après-tout, de nombreux membres de clans l’avaient attesté… mais pour se venger ? Excepté le fait que nous ne pouvions que difficilement quitter l’île une fois sur les lieux, nous n’avions jamais eut de preuve pour attester cela. Certains Esprits plus virulent que d’autres mais, c’était plus pour se venger de tout ce qui était encore vivant, comme des êtres jaloux, que pour s’en prendre à nous, exorcistes, personnellement.
A mon sens, c’était plutôt nous qui venions chercher les ennuis en allant sur cet île… enfin, il en restait pas moins le « sort » qui donnait envie aux gens de rester et la raison qui avait donné l’envie de créer une académie pleins d’enfants ici, dans de telles circonstances. Alors j’étais bien curieux d’en apprendre la raison, de pouvoir questionner le Directeur à ce sujet, sur l’inconscience de ses ancêtres. A moins que les membres de leur famille fut simplement pris au sort eux aussi… mais pourtant, ils aidaient bien certains à quitter l’île…

Interrogations nombreuses et au combien intéressante mais qui n’obtiendrait pas de réponses tout de suite, je n’étais ici que depuis deux jours à présent et malgré le fait que j’avais déjà demander au secrétariat pour un rendez-vous avec lui, la seule réponse que j’avais eu était : « Monsieur le Directeur n’est pas disponible pour un rendez-vous pour le moment, veuillez repasser dans plusieurs mois. ». J’avais plutôt l’impression qu’il ne voulait pas risquer d’être soumis à ce genre de questions plutôt…
Mais j’exagérais peut-être, il ne pouvait pas savoir pourquoi je voulais un rendez-vous, avoir prévu celui-ci et donner la consigne aux secrétaires de refuser en conséquences.

La matinée était vite passé entre la fin de l’installation dans ma chambre et une petite visite aux alentours du dortoir. Je n’avais pas utiliser le don de mon clan pour affiner la visite, ne voulant pas que quelques esprits prennent cela pour une attaque. Il y en avait bien trop pour que je ne me risque à cela.
Une fois les alentours terminés et me promettant de vérifier cet étrange puits de plus près, c’est aux alentours de midi que je me rendais à l’académie pour profiter du menu proposer, n’ayant qu’une idée en tête par la suite : trouver mon futur repère. C’est donc ainsi que j’arrivais enfin à ma destination après le repas, la bibliothèque, quand une personne en sortait. Avec un œil expert, son regard accrocha automatiquement le livre tenu l’élève et je m’approchais, avisant au passage le titre… qui avait l’air hautement intéressant.

– Excuses-moi… de quoi parles…
– Je ne sais absolument rien !

Hein ?
C’est le regard surpris que j’observais plus en précision la personne qui tenait le bouquin… et que je dépassais de deux bonnes têtes. Il était vraiment petit et semblait soudainement offensé de ma présence, ayant même reculé d’un pas contre la porte qui s’était refermé derrière lui. J’avais comme l’impression que si une personne venait par là, elle penserait que je tente de l’intimider… surtout qu’on ne me connaissait pas encore puisque je venais d’arriver.


– Je veux juste savoir, où tu as…
– Je n’ai rien à dire ! Pars maintenant !
– C’est que… j’aimerais pouvoir entrer dans la bibliothèque…
– Je n’ai rien fais moi… pourquoi tu veux m’attaquer ?
– Je ne veux pas…
– Hors de question !

Je me redressais en fronçant les sourcils, avisant le nouveau venu approcher pendant que l’autre personne en profité pour partir. Je soupirais, passant une main derrière ma nuque. Maintenant, c’était ce nouveau venu qui se trouvait entre moi et la porte de la bibliothèque…
Je devais demander un rendez-vous pour pouvoir y entrer ? Je fis une légère moue ennuyé.

– Je peux savoir à quoi vous jouez ?
– Je tente juste…

Ah, ce visage… d’ailleurs…
Je levais la main, la posant avec douceur sur le visage - doux - de l’inconnu me faisant face. Lui aussi était plus petit que moi, mais moins que la personne précédente… Je fis un léger sourire, mon visage devenant apaisé.

– Professeur Kisanagi… - je venais de reconnaître le visage - je voulais simplement connaître le titre du livre de la personne qui vient de partir.

Je lâchais sa joue avant de reculer d’un pas.
Sa présence et la réaction de l’autre personne… un esprit, il n’y avait pas vraiment de doute là-dessus à mon avis. A moins que je n’extrapolais encore.

– Mais j’aimerais toujours entrer dans la bibliothèque… il me faut un rendez-vous ? J’aimerais trouver le livre qu’avait cette personne, le titre avait l’air intéressant.

Une réponse de gagner dans tout les cas… l’enfant naît sur l’île n’était pas un esprit puisque sa peau était chaude. Sauf s’il pouvait user d’un artifice pour cela.

J’avais bien vu la surprise se peindre sur son visage au moment où ma main s’était posé sur sa joue mais je n’en montrais rien, trop occupé à sentir sa chaleur dans la paume de ma main et à tenter de déterminer si c’était là un artifice ou réellement une chaleur humaine. Je décidais donc, bien arbitrairement, de décider que ce n’était pas un artifice. D’ailleurs, j’avais bien souvenir que tous ceux du clan ayant fait brûler leur encens à ses côtés n’avaient pas spécialement obtenue de réaction significative de sa part, contrairement aux Esprits qui généralement s’éloignaient.
Je continuais donc la conversation, lâchant sa joue et reculant d’un pas. On avait déjà cru que j’attaquais une personne, un élève… un Esprit si je devais juger sa réaction de peur à mon encontre, mais je ne voulais pas qu’on croit à présent que j’attaquais un professeur. « L’Enfant d’Amaya » protégé par les Esprits… ce n’était pas vraiment mon but de tous me les mettre à dos. Surtout pas dès le second jour sur l’île. Surtout que si je faisais cela, j’en connaissais qui allaient me hurler dessus… bien qu’ils risquaient également de trouver le défis amusant également.

– Navré... mais de là où j'étais, j'ai cru…

J’ignorais la gêne possible montré par le professeur Kisanagi, passant devant lui puisqu’il m’ouvrait si gentiment la porte. Je ne voulais pas traîner et ainsi donner à une énième personne la possibilité de ce mettre entre moi et la bibliothèque.
Je me demandais combien d’ouvrage ils avaient ici et que je n’avais encore jamais lu…

– C’est souvent l’impression que je fais, ne vous en faites pas. Toutefois, si je puis me permettre un conseil, il faudrait dire à vos amis de ne pas prendre la mouche aussi vite, cette façon de faire nous donnes leur identité sur un plateau d’argent et cela pourrait être dangereux pour eux.

Les chances que mes paroles soient prises pour des menaces ? Élevée je dirais puisque j’avais eu une situation semblable dans un temple qui recueillait certains esprits. Mais je ne comprenais pas, nous ne tuions pas les Esprits, nous leur permettions juste de continuer leur voyage alors, pourquoi était-ce aussi mal prit ? Je n’avais malheureusement jamais pu trouver un Esprits qui accepte de discuter suffisamment avec moi pour que je lui pose la question.
Généralement, je recevais que des attaques de leur part.

Finalement, je m’arrêtais dès les premiers pas dans la bibliothèque. Certes, je pouvais demander ce renseignement au gérant des lieux mais je me disais que cela ferait une bonne opportunité de faire plus amples connaissances avec le natif de l’île. Après tout, il vivait ici depuis suffisamment de temps peut-être pour m’aider à répondre à plusieurs de mes questions… Pas que je ne veuille me servir de lui mais je n’avais pas connaissance d’une carte des lieux disponible et aucun de mes prédécesseur d’ici n’avait eut pour idée de tenter de cartographier l’île où de chercher à savoir la taille de celle-ci.

– Sauriez-vous où je pourrais trouver une carte de l’île ? Demandais-je en me tournant vers le professeur.

Je parlais déjà pas très fort de manière naturelle et d’une voix calme mais j’avais encore baissé le volume. Nous étions dans un lieu d’étude et malgré que ce ne fut que le second jour, je ne voulais pas risquer de déranger quelqu’un. On avait déjà une bien piètre opinion de moi sans cela.
Quand j’aurais ça, je chercherais le titre que j’avais aperçu pour savoir ce dont cela parlais puis… peut-être que je continuerais ma visite de l’île en lisant. Après tout, le lendemain était un jour de repos et je pouvais déjà faire un bout de chemin en une journée et demi. Je n’aimais pas ne pas avoir d’informations précise sur l’endroit où j’étais. Pourquoi donc tout le monde se focaliser sur les Esprits, cherchant leur dirigeant peut-être inexistant, sans chercher plus d’information sur les lieux ? Si ce n’était pas un Esprit qui empêchait les gens de vouloir quitter l’île mais autre chose ? Un chose qui attireraient même les morts ici contre leur grée ? Après tout, je ne me souvenais pas avoir lu que quelqu’un leur avait demander s’ils voulaient, ou même pouvaient, quitter cette île eux aussi…

J’avais finalement décidé de mettre à contribution le professeur pour trouver plus rapidement ce dont j’avais besoin : une carte des lieux. Personne n’avait pensé à en faire une depuis les années qu’ils y avaient passé même s’ils s’accordaient à dire qu’il y avait un cimetière quelque part dans la forêt… mais où ? Il fallait dire qu’il n’y avait pas de moyens de transports sur l’île, excepté les vélos alors, cela pouvait aussi rendre l’exploration compliqué. De ce que je savais, l’académie avait cent ans, il serait peut-être temps de changer cela…
L’île serait-elle figé dans le « temps » à force d’être enchaînée à des morts ?

– De mémoire... troisième allée à gauche. Après, je crois que les cartes ne sont pas très grandes, donc j'ignore si ça vous sera vraiment utile...

Devais-je comprendre qu’elles n’étaient pas à jour ? Qu’il avait des informations qui n’apparaissaient pas sur les cartes ?
J’avançais d’un pas vers lui, lui prenant la manche pour l’entraîner avec moi dans la direction qu’il venait de m’indiquer. J’aurais normalement dû montrer plus de respect et de réserve envers un professeur mais je n’était pas là en temps que collégien ou lycéen et puisqu’il voulait bien me répondre, je n’allais pas passer la chance d’obtenir des informations sur les lieux.

– Les cartes ne sont pas à jours ? Personnes ne s’occupe de cela ? Demandais-je toujours à voix basse, ne lâchant sa manche qu’une fois arrivé dans le bon rayon.

Trouvant les cartes sur l’étagère du bas, je m’asseyais en tailleur devant elle, dépliant deux d’entre elle sur mes genoux pour les comparer. Pour savoir où chercher en histoire, il fallait déjà par commencer par connaître un peu plus des lieux. Je grimaçais en observant les dates des cartes, datant de la création de l’académie et extrêmement peu précise. Il n’y avait aucune trace du cimetière, seulement celle du puits dans la mesure où il était juste à côté du dortoir.
Je prenais une énième carte, légèrement plus récente mais excepté des précisions sur la distance entre les deux bâtiments et le port, rien de plus. Effectivement, comme il l’avait dit, ces cartes ne me serait pas utile. Par contre, je notais mentalement les distances dans l’optique de finir par créer une carte plus complète qui ne s’arrêterait pas à la forêt et à la plage du port. Excepté si l’île ne comportait que des arbres mais j’étais certains que ce n’était pas le cas puisqu’on pouvait voir des montagnes depuis là où nous étions, de même quand nous approchions en bateau. A moins que cela ne soit qu’un effet d’optique et que nous ayons pas affaire à une île mais à plusieurs comme l’Indonésie ou la Polynésie. La piste restait à creuser.

Je commençais à replier soigneusement les cartes, restant toujours assis sur le sol. Je levais mon regard vers le professeur.

– Par où me conseillerez-vous de commencer ma visite ? Est-ce que je risque d’avoir des problèmes si je tente de faire une carte plus précise des lieux ?

Je ne voulais pas spécialement me mettre le directeur à dos, déjà qu’il refusait de me recevoir, ni même que les Esprits fassent une coalition contre moi pour m’empêcher de mener mon projet. Déjà qu’ils n’étaient certainement pas heureux d’avoir des Omyoji sur l’île… Et d’ailleurs…
Je me redressais, croisant les bras pour mettre une main sous mon menton, observant mon interlocuteur d’un air pensif.

– Pourquoi les Esprits d’ici ne tentent pas de nous chasser plus activement ? Nous les Omyoji ? Je veux dire, ils ont l’air d’être clairement plus nombreux que nous puisque malgré le nombre d’entre nous qui se sont rendu sur l’île ces dernières années, personne n’a réussit à estimer leur nombre exact…

Je ne pouvais pas vraiment dire que c’était la chose qui m’échappait puisque beaucoup de chose étaient peu compréhensible à mes yeux concernant cet endroit. Mais c’était bien ce qui rendait le défis intéressant.

Si le professeur le disait alors, il y avait des chances pour ne pas avoir d’ennuis. Un léger sourire étira toutefois mes lèvres alors que je me redressais après avoir rangé les cartes, époussetant avec légèreté mes vêtements. J’avais tout de même un doute. Je n’étais pas spécialement pessimiste mais je ne voyais pas en quoi un membre de clan, qui plus était un héritier car j’étais quasiment certain que cette information leur été connue, ne dérangerait pas à fouiner partout.
Enfin, il fallait seulement rester prudent. Ce n’était pas en ayant peur que j’allais découvrir quoique ce soit et que nous pourrions avancer. Ce n’était pas une bonne chose que des personnes restent coincés sur cette île sans ressentir la volonté de partir… ce n’était pas non plus une bonne chose qu’un endroit accumule autant les esprits. Esprits qui ne faisait rien de spéciale pour chasser leurs « ennemis » de manière définitif, ce qui poussait à croire qu’il se tramait réellement quelque chose… et que les Omyoji avait leur rôle à jouer, volontairement ou non. Mais ce fait était plutôt entendu depuis le début d’une façon ou d’une autre.

– Aucune idée... J'avoue ne jamais avoir posé la question...

Si même une personne qui était sur l’île depuis son enfance ne trouvait pas cela étrange… cela ne prouvait-il pas que c’était un fait inquiétant ? Parce que s’il s’en était soucié, il aurait posé la question puisque que cette querelle pouvait finir par le toucher… ou l’avait déjà touché. On pouvait se servir de lui pour avoir des renseignements ou bien comme otage… et il ne cherchait pas à savoir ? Est-ce que le fait d’être né sur l’île faisait qu’il ressentait des effets différents des autres ? Par exemple, au lieu de ne pas ressentir l’envie de partir il… hum… était détaché de tout cela ? Ou alors il avait ce trait de caractère à force d’être confronter aux Esprits… cela ne devait pas être sain de voir plus de morts que de vivant au quotidien. A savoir s’il les voyait également sous forme fantomatique ou non… ce n’était pas comme si je pouvais poliment poser la question maintenant.
Quoique…

– Et par où commencer... je dirais le puits, ou le temple. ... Mais ce sera quand même mieux que je garde un œil sur vous... ne serait-ce que pour éviter un sort tragique.

Je le regardais, clairement surpris, oubliant ton interrogation précédente.

– Un temple ? Il y a un temple sur l’île ? Où ? Vous pourriez m’y conduire ? On peut y aller maintenant ?

J’avais totalement ignoré – malgré moi – le fait qu’il veuille gardé un œil sur moi. Déjà parce que cela n’était pas si étonnant même si un humain normal ne pourrait rien faire contre les dons d’un Omyoji mais surtout parce que le fait d’apprendre qu’il y avait un temple sur l’île occultait tout le reste.
Qui l’avait construit ? Pourquoi personne dans le clan ne l’avait trouvé ? Parce que s’ils l’avaient vu, ils en aurait forcément parlé… a moins qu’autre chose les empêche d’en parler comme cela empêchait de quitter l’île… Hum… quand je pensais avoir une information intéressante, d’autres questions venaient. Mais avoir autant d’informations intéressante dès le second jour était plutôt prometteur.

– Il y a-t-il d’autres endroits que vous connaissez qui ne sont pas mentionné sur la carte ? On m’a parlé d’un cimetière mais il n’est pas indiqué non plus… vous savez où il se trouve ?

On m’avait souvent dire que quand je commençais, je ressemblais à Pinocchio avec mes questions incessante et mes yeux remplis de curiosité mais je m’en moquais bien, surtout que j’étais réellement curieux et je ne voyais pas vraiment de raisons de le cacher. Du moins, pas sur ce sujet là.

Plusieurs heures de marches ? Je notais l’information, réfléchissant à comment faire. De la préparation mais… plusieurs heures signifiaient quoi exactement ? Car deux-trois était déjà bien différents de six ou sept… il faudrait assurément que je demande plus de détails à ce propos. Mais puisque j’étais déjà lancé sur les lieux à visiter et qu’il n’avait pas dit « non » pour m’accompagner au Temple, je continuais mes questions.
Déjà parce que je pourrais découvrir des choses intéressantes puis ensuite, parce que ça me donnait un peu d’avance sur mes sœurs et frère pour notre concours. A moins que Hatsumi savait pour le temple puisqu’elle avait fait sa scolarité ici mais n’avait rien dit pour gagner… mais non, elle n’aurait jamais caché une chose qui pouvait être importante au clan. Sauf si elle l’avait visité et rien trouvé de fabuleux ? Hum… non, elle n’aurait pas caché l’information quand même. Moi-même ne la cacherait pas. Même si j’irais visiter avant de le dire à tout le monde…

– Non, désolé, j'ignore où se trouve le cimetière...
– Ce n’est pas grave, je finirais par le trouver.

Aussi, je récupérais finalement une carte dans le but de la copier pour moi afin d’étudier en détail les espaces de néant mise dessus. Même si dans le fond, je n’avais pas spécialement envie de m’appuyer sur un document fait à moitié.
Mais il fallait bien commencer par quelque part.

– Et pour le temple, il est de l'autre côté de l'île, il y en a pour plusieurs heures de marche... y aller maintenant ne serait pas une bonne idée.
– Plusieurs heures comment ? Je me rapprochais de lui, prenant ses mains dans les miennes pour l’observer attentivement et avec un sourire sage comme je le faisais avec mon grand-père pour demander quelque chose, dans ce cas, seriez-vous d’accord pour qu’on parte le voir demain matin alors ? Je préparerais tout, vous n’aurez à vous occuper de rien.

Il faudrait que je déniche une boussole, récupère un bon cahier – voir deux – et que je fasse le pleins d’eau. Sans oublier quelques trucs à grignoter quand même et surtout, que je vérifie mes stock d’encens. Il était peut-être né sur l’île et avait sûrement une relation privilégié avec les Esprits mais ce n’était pas mon cas et si l’un d’eux voulait m’attaquer, il fallait que je sois apte à me défendre.
Jusqu’à demain, ils pourraient bien élaborer un plan avec le professeur pour se débarrasser de moi… si je présentais les choses comme ça, j’en connaissais au moins un qui ne voudrait pas que je parte seul. Pourtant, je ne voulais pas qu’il prenne le risque d’être en danger non plus… Je supposais donc que si j’annonçais demain matin que j’allais en forêt, cela passerait… ou je partirais en douce ? Je deviendrais sûrement sourd à mon retour… et s’il m’arrivait quelque chose ? Ah…

J’eus soudainement un regard un peu… blasé et triste. S’il m’arrivait quelque chose, probablement que ma famille trouverait le moyen de faire sauter l’île… J’eus des sueurs froides en pensant à quel point ma famille pouvait être effrayante parfois.
Je ne voulais pas les avoir comme ennemi aussi : je ne dirais rien et prierais pour revenir vivant et en un seul morceau.

J’eus un léger rire nerveux en me souvenant du professeur en face de moi et lui lâchait finalement les mains, passant une main dans mes longs cheveux. En vrac mais sans nœuds au moins, si j’allais en forêt il faudrait que je les attaches mieux qu’une simple queue de cheval.

– Vous voulez bien alors ? Ça ne vous dérange pas ?

Lui avait déjà son rythme sur l’île et ce depuis longtemps alors je ne voulais pas le déranger non plus mais d’un autre côté, j’étais tellement pressé de découvrir ce temple que j’avais du mal à contenir ma motivation à ce propos.

J’étais rassuré que ça ne le dérange pas… malgré que sa posture donnait le signal contraire. Ce n’était pas comme si je ne pouvais pas comprendre sa position mais, en même temps, je ne pouvais pas vraiment compatir. La seule chose que je voyais était que j’allais pouvoir explorer ce temple. Était-il grand ou petit ? En l’honneur de qui avait-il était fait ? Est-ce que j’allais croiser quelqu’un là-bas ? Quelqu’un de vivant… ou de mort ? Est-ce qu’il cachait quelque chose de secret ? Comme une porte vers un sous-terrain ou… un tombeau ? Non, ça ce serait plutôt un mausolée ou le cimetière… les temple étaient pour… des divinités normalement… et si ce n’était pas un Esprit qui empêchait les gens de sortir mais une divinité mineure ? Bon, je partais peut-être un peu loin mais, j’étais un Omyoji et je chassais habituellement les esprits alors pourquoi il n’y aurait pas des divinités au goût du jour…
J’hésitais un peu à lui demander de quel genre de temple il s’agissait mais en même temps, nous allions le voir le lendemain alors, autant que je ne me dévoile pas la surprise.

– Six heures… vous voulez qu’on parte à quelle heure ? Je me lève tôt facilement alors ce ne sera pas un problème pour moi.

Par contre cela voulait dire que je serais absent toute la journée et je rentrerais sûrement tard. Il fallait finalement mieux que je prévienne de mon excursion ce soir alors… ou part message demain matin ? Comme ça ils ne pourraient pas tenter de m’en empêcher… comme cela ne faisait pas longtemps que l’on était ici, peut-être qu’ils voudraient plutôt attendre qu’on s’habitue à l’île avant de crapahuter partout. En même temps, je ne pourrais peut-être pas avoir une autre opportunité que celle-là si le professeur n’était pas disponible une fois l’année bien commencée.

– Est-ce que vous êtes allergique à un aliment ou en détestez-vous en un ? Comme ça je peux préparer les en-cas pour demain.

Je pourrais demander à Hatsumi pour utiliser sa cuisine et lui emprunter une boussole, j’étais certain qu’elle en avait une, ou bien à Kohana… quoiqu’on avait dû en glisser une dans mes valises mais même si j’avais tout rangé dans les armoires, je n’avais pas vraiment fait attention aux détails, bien trop pressé à explorer les lieux et la bibliothèque.

– Est-ce que vous savez ce qu’on doit attendre de la météo demain ?

Normalement ce n’était pas la saison des pluies, ni des grands vents mais ne savais-t-on jamais. Il serait désagréable de se faire surprendre par le temps après autant de marche et en même temps, prendre pleins de choses « au cas où » serait s’encombrer pour rien. Il n’aurait sûrement pas proposer de m’accompagner s’il fallait escalader la montagne en plus de traverser la forêt mais le terrain serait certainement déjà assez compliqué en forêt alors si je devais avoir du poids sur les épaules en plus, cela serait me compliquer la tâche pour rien.
Je tentais de passer en revu toutes les préparations qu’il fallait pour une randonnée, ne voulant rien oublier. De nouveau, j’avais croisé les bras sur ma poitrine, une main tenant mon menton d’un air pensif et concentré. Il faudrait aussi que je prenne un compteur de pas efficace pour évaluer la distance parcourut… en tentant d’aller le plus droit possible mais ça, cela pourra être vu à l’aide de la boussole…

A l’heure où l’on peut sortir ? C’était quoi ça comme type de réponse ? Je n’avais pas retenu l’heure d’ouverture des portes du dortoirs mais… lui était un professeur alors, à moins que cette école était encore plus étrange – déjà que pour être construite sur cette île, il fallait être étrange… - il n’avait pas d’horaires à respecter.
Enfin, si je mettais ça de côté, les cours commençant tôt et en comptant la distance non-négligeable entre le dortoir et l’académie… sans compter que le professeur semblait également matinale…

– On se retrouve à six heures du matin devant le pensionnat ?

Au pire, si les portes étaient fermés, je pourrais toujours passer par la fenêtre de ma chambre. Nous étions au rez-de-chaussée alors je ne risquais rien. Bon, j’indiquerais à mes compagnons de chambre comment faire correctement l’école buissonnière mais… c’était là pour une bonne cause.
Toutefois, si nous partions directement après s’être rejoint, aller prendre le petit-déjeuner à l’académie était exclu puisque cela ferait perdre du temps pour rien. Le professeur Kisanagi n’aurait pas ce genre de problème puisqu’il avait un appartement mais nous, nous n’avions pas de cuisine ou de réfectoire dans les chambres. Ou alors je squattais l’appartement de ma sœur – ou celui de ma cousine d’ailleurs – pour la nuit ? Hum… cela me paraissait être le plus simple. A savoir de qui entre ma sœur et ma cousine me causerait le moins de problème pour me laisser partir sans poser trop de questions… hum, je préférais encore mener les négociations avec Nozomi. Restait maintenant à savoir ce que j’allais préparer à manger pour le lendemain. Puisqu’il me montrer gentiment le chemin alors que c’était loin, je pouvais bien m’occuper du reste.

– Je déteste l'ananas et la noix de coco. Ça ne me rend pas malade, mais... je n'aime pas le goût, voilà.
– Je n’en mettrais pas alors, dis-je en hochant la tête de manière très concentré.

De toute façon ce n’aurait pas été vers ce genre d’aliment où je me serais dirigé en premier et en plus, je doutais que Nozomi ou Hatsumi aient cela dans leurs placards. Quoique, les connaissant, on pouvait s’attendre à tout…
Cela étant fait, ne restait plus qu’à prévoir la météo de demain. Si le climat était comme au Japon, alors il y avait que peu de chance que nous recevions de la pluie mais… je préférais en être certain. Six heures de trajet… douze avec le retour, en étant trempé, ce ne serait pas agréable.

– Je crois que la météo sera bonne, demain... on est au printemps, il ne pleut presque pas. Et si jamais il vient à pleuvoir, ce ne sera pas grand chose.

Bon, au moins une chose de régler… mais maintenant que j’y pensais, l’île étant plutôt loin du Japon, c’était assez étrange qu’elle ai le même climat… enfin, c’était tout aussi étrange que personne ne savait la placer sur la carte alors que tout le monde en trouvait le chemin… ou du moins, les navigateurs qui faisaient constamment le chemin vers l’île y arrivaient…
Plus tard, d’abord le temple.

– D’accord, dans ce cas je vous dis à demain professeur. Et encore merci !

Gardant une carte avec moi, je fit une légère révérence autant en signe de remerciement que d’au revoir avant de prendre la direction du bureau des prêts, indiquant rapidement que j’empruntais la carte un instant et que je revenais vite puis sortie des lieux en marchant rapidement.
Même si j’étais excité par le lendemain, je n’allais pas courir dans les couloirs tout de même…